Tire-m’en deux, c’est pour offrir by Dard Frédéric

Tire-m’en deux, c’est pour offrir by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [Dard, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265091733
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1979-04-11T22:00:00+00:00


1- Totalement con, mais ça me délasse.

M’MAN, MOI, ET LES AUTRES

Eh bien, mon vieux pays, nous voici donc une fois de plus face à face, emportés par une haulte aventure de cornecul, du genre inextricable. Mais j’extriquerai, j’en fais le serment. Il le faut, je me le suis promis à moi-même après avoir pris connaissance des documents remis par Mayençon Clovis ; or San-Antonio ne s’est jamais trompé, s’il lui est arrivé quelquefois de tromper les autres. Il s’est resté fidèle, enfer et contre toux.

Cette affaire d’apparence si simple, si vite solutionnable, est riche en rebondissements.

Je me les récite en pénétrant dans la maison de Saint-Cloud où il fait si bon rentrer.

Il y a de la lumière dans la chambre de Félicie. Elle ouvre sa lourde au moment où je monte l’escalier.

— Tout va bien, mon grand ?

— Au poil, m’man.

Bisouilles sur ses chères vieilles joues qui sentent Félicie-la-nuit. Avant de se mettre aux plumes, m’man fait un brin de toilette et s’asperge le visage d’une eau de Cologne comme il n’en existe pas dans le commerce et qu’une vieille amie de pension à elle lui envoie rituellement, à chaque nouvel an. Ça sent un peu la glycine, un peu la violette, et d’autres trucs encore qui poussent de moins en moins sur notre globe saccagé. Cette odeur… J’imagine le vieux Nice, du temps que les Rosbifs prenaient d’assaut la promenade qui allaient porter leur nom. Il suffit d’un parfum, parfois. D’un bruit, d’un rien, et t’as la moulinette farceuse qui se met à totonner, bien rond, bien droite, en décrivant des arabesques imperceptibles.

— Ton directeur a téléphoné à deux reprises, Antoine, il a besoin de toi d’urgence. Il m’a dit que tu pouvais lui téléphoner à n’importe quelle heure sur sa ligne personnelle.

Elle transmet en soupirant, Félicie. A contrecœur, pas chaude pour que son grand garçon reparte dans les froidures nocturnes vers de nouvelles péripéties. Ça l’a toujours démangée que je moule la Rousse pour me consacrer à l’épicerie fine ou à l’import-export. Elle me verrait bien dans des tâches douillettes, maman ; à me faire du lard et un peu de blé pour les vieux jours. Dans le secret de son cœur, elle redoute que ma retraite me passe sous le nez pour cause d’absence prématurée du retraité. Et voilà qu’elle me communique le message du vieux fâcheux qui régit mon existence.

Je lui souris large.

— S’il rappelle, tu lui répondras que je ne suis pas rentré, j’ai besoin de vivre un peu ma vie.

Des gargouillis stomacaux m’avertissent que les desserts de Berthe n’ont pas suffi à combler mes dents creuses.

— Demain matin, tu me feras un déjeuner à l’anglaise, si ça ne t’ennuie pas.

— Veux-tu que je te prépare un petit encas tout de suite ? J’ai un poulet froid entier dans le frigo et de la mayonnaise.

Elle espère. J’hésite.

— D’accord, mais juste un pilon, ne te mets pas en cuistance à pareille heure.

Radieuse, elle saute sur sa robe de chambre de pilou bordeaux, chausse les pantoufles de soie brodée que je lui ai offertes pour sa fête.



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